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arbre taille élagage

  • Auprès de notre arbre, nous vivions heureux...

    Il y avait sur la place de mon village un géant.

    Lorsqu’en été le soleil dardait, nous installions dessous nos voitures, et elles tournaient avec l’heure du jour, sous l’ombre. Sous cette ramure bénéfique, ample, ancestrale, nous nous étions assis l’été dernier, entre voisins. Sous cette frondaison, l’air était une douce brise, l’humeur joyeuse, l’ardent soleil se faisait clément et le vin gardait sa fraîcheur. Ce fut si agréable, si naturel, que mon voisin décida peu après d’y fêter son anniversaire.
    Sur la place du village.
    Sous le tilleul.
    Le tilleul de la place.
    Le tilleul, témoin de notre vie saison après saison : On voyait des promeneurs ou des anciens qui faisaient la pause, parfois, sous ses branches protectrices. À la fin de l’été, il se couvrait de fleurs, odorantes et discrètes, aux vertus apaisantes. Lorsque l’hiver venait le dépouiller, nous pouvions voir que déjà, auparavant, le géant avait été blessé. Oui, le géant a déjà subi des outrages, des tronçonnages inconséquents, disgracieux, aveugles à son élan. Lorsqu’il était dénudé, nous voyions bien que son port n’était pas tout à fait naturel. Des branches s’arrêtaient là, sans raison, coupées dans leur essor, et celles qui avaient repoussé à partir de ces moignons anciens n’avaient pas la force majestueuse de la vitalité. Elles ployaient, faiblardes, au lieu de s’élancer dans le ciel.
    Aujourd’hui, plus rien. Nous n’avons qu’un pauvre tronc qui lance au ciel quelques pitoyables moignons. Tronçonnées, balayées, les opulentes branches qui nous donnaient de l’ombre. Pourquoi ?

    Mes amis, changeons notre point de vue.
    Cessons de penser que tronçonner fortifie, car tronçonner rend les arbres malades, et à la longue, il les tue.
    Allons voir le professionnel de l’arbre, l’arboriculteur, celui qui ne moignonne pas, mais qui taille et qui soigne, celui qui fait naître et grandir, et il nous expliquera qu’élaguer ça peut être tailler, et non pas raboter, que la taille douce n’a rien à voir avec le tronçonnage qui sévit couramment parmi les arbres de nos places et de nos rues. Tailler, c’est respecter l’élan et la forme de l’arbre, et ne jamais couper une grosse branche, car c’est la porte ouverte aux parasites et aux maladies. Laissons la parole à Eric Petiot, paysagiste réputé qui a sauvé (entre autres) un tilleul de 900 ans : « En 1985, nos connaissances sur l’arbre en étaient au même stade que celles qu’on pouvait avoir sur l’anatomie et la physiologie de l’homme au Moyen Âge ». Et en 2011, avons-nous progressé ?
    Allons voir celui qui connaît les arbres.
    Et surtout, apprenons à les regarder.
    Arrêtons-nous, et regardons-les.
    Regardons-les vraiment.
    C’est ainsi que nous apprendrons.

    J’ai connu à C. un tilleul de la révolution, un arbre de la liberté, qui n’était plus qu’un moignon. Honte à lui si, dans l’année, il montrait la plus petite velléité de laisser repousser la moindre timide branchette : tronçonné. Et tronçonné encore. Re et re-tronçonné. Re-re-re-re-re-tronçonné, à même le moignon. Avant de mourir, cet arbre fut longtemps un pauvre totem. Un totem dédié à quoi, sinon à la performance des outils de coupe modernes ?
    Parce que c’est si facile, si rapide.
    Si propre ?
    Je connais un tilleul de la révolution, à G., qui est un magnifique géant, un arbre remarquable, répertorié au petit patrimoine de l’arrondissement d’A. Il s’élance vers le ciel et vraisemblablement, il n’a pas connu la tronçonneuse.
    Et ce tilleul superbe, aux P. de V., il ne manquerait plus qu’on le rabote ! Va-t-on vraiment commettre ce sacrilège ?

    Les arbres ne sont pas des poteaux, ils sont vivants, il leur faut du temps pour s’épanouir, parfois presque une vie humaine, car, pour la plupart, ils vivent plus longtemps que nous. Nous les laissons en héritage…
    Alors, que voulons-nous pour nos enfants ?
    Des cités avec moignons et béton ?
    Ou des lieux de vie et de partage, auprès de nos arbres ?
    Les arbres sont notre patrimoine. Ils sont notre richesse, ils nous aident à nous sentir vivants. Ils nous gardent en vie.
    On n’a jamais soigné un arbre en le tronçonnant, en l’élaguant, en le rabattant.

    Changeons notre façon de penser, changeons notre regard.
    Cessons de vouloir faire propre, car notre monde n’est pas un salon.
    Des spécialistes en parlent à la radio, écoutons sur France Inter Alain Baraton, le jardinier en chef du Grand Parc de Versailles qui répète et martèle que « rabattre » un arbre, c’est une mutilation, un sévère traumatisme pour celui-ci : "Une coupe est toujours une blessure que l'on inflige à un végétal".
    Des livres sont publiés, lisons les ouvrages d’Alain Pontoppidan, technicien arboricole, sur la taille douce…
    Cherchons la vérité, ne pensons plus à l’emporte pièce. Ne cherchons pas la facilité.
    Changeons notre point de vue.

    Sous le tilleul de la place, nous avions organisé la fête des voisins, l’année dernière.
    C’est impensable cette année.
    Nous sommes en deuil.
    Et pour combien d’années ?

     

    Article à consulter :
    http://sauvonslestilleuls.t-tm.com/Documents/034_les_tilleuls_ne_font_plus_d-ombre_opt2.pdf

    Sites à consulter :
    Une quarantaine d'aboriculteurs, de pépiniéristes ou de centres de formation adhérent aujourd'hui à cette démarche de protection et de considération de l'arbre, au travers de la taille raisonnée, de la préservation des arbres remarquables, et de la restauration des arbres mutilés, etc :
    http://www.sequoia-online.com/index.htm
    Un blog sur les arbres menacés, dans lequel vous pourrez écouter le point de vue d'Alain Baraton concernant ces arbres qui sont dans le collimateur :
    http://krapooarboricole.wordpress.com/category/deforestation/arbres-menaces/
    ... et sur les droits de l'arbre :
    http://krapooarboricole.wordpress.com/category/droits-de-larbre/


    Changeons notre point de vue.